Le concept des « Rolling Bidochons » doit beaucoup aux immondes constructions de l’ère « pompidolienne »…
Ces cages à poules où l’on entasse les prolos - comme des pauvres volatiles élevés en batterie - sans doute pour mieux les plumer.
Votre humble serviteur venait de décider d’en terminer avec sa carrière de Vampires (deux albums, deux singles et un petit paquet de concerts) pour jouer de bons morceaux au lieu d’en composer de mauvais. Ainsi, imaginais-je que des fils de concierges écoutant par le conduit du vide-ordures la musique punk provenant du cinquantième étage transformaient « EMI» par « il aime l’ail » ou encore « God save the Queen » par « Gode save the gouines », etc… Restait à baptiser ce nouveau groupe… Je pensais hâtivement aux faux frères Ramones (autre groupe punk mythique) et imaginais accoler un nom de famille bien français au préfixe du groupe que j’avais choisi de parodier (The Sex Pistols)… Je ne sais plus si d’autres noms me sont venus à l’esprit ou si j’ai immédiatement pensé à utiliser le patronyme des fameux héros de BD nés de l’imagination du talentueux Christian Binet… Toujours est-il que nous nous sommes retrouvés baptisés « Sex Bidochons » ! Finalement, au lieu d’être Johnny Bidochons, Sid Bidochons, etc… J’ai rebaptisé pour la postérité (tous étaient les anciens membres du groupe Les Vampires) Bernt Kadaverik (guitare) en Steve Jaune (pour Steve Jones), Ulrich Ausweis (basse) Sid Vicelard (pour Sid Vicious), Karim Kouskous en Paul Cuistot (pour Paul Cook), et votre serviteur, le comte Wolf devint Johnny Ripou (pour Johnny Rotten) !
Après trois ou quatre répétitions durant lesquelles nous avons beaucoup rigolé et peu travaillé, nous nous sommes retrouvés au fameux studio WW pour enregistrer en huit jours le premier album des Bidochons (nous bossions la nuit, partageant le studio avec les Berurier Noir qui préparaient l’un de leurs albums, « Abracadaboum », je crois…). Nous étions fauchés et pour pouvoir enregistrer dans ce studio 24 pistes, il avait fallu négocier avec les patrons de l’endroit qui nous firent un prix à condition de n’utiliser que 16 des vingt-quatre voix du même magnéto ! Ainsi, l’ingénieur du son Mike Wanker (qui allait devenir le second batteur des Bidochons), ferma les pistes 17 à 24 durant l’enregistrement ! Ce disque n’a pas disposé de la même production que nos albums suivants mais notre porte-monnaie était aussi plat que le soutien-gorge de Jane Birkin ! Ceci explique souvent cela et comme le dit souvent mon boulanger à sa femme… Qu’importe ton sein maigre, ô mon objet aimé, on est plus près du cœur, quand la poitrine est plate !
Pour la pochette, j’utilisais quelques vieux numéros du « Parisien Libéré » pour réaliser avec mes petits ciseaux (comme un « corbeau » de village qui rédigerait ses lettres anonymes) la parodie du fameux design de Jamie Reid et Helen Wellington-Lloyd.
La distribution du premier pressage de ce disque fut confiée à un petit label (aujourd’hui disparu) et comme j’avais souhaité ajouter un petit gadget à ce tirage (un véritable slip kangourou en coton), tout le personnel de cette petite boîte se retrouva à enfiler durant une semaine des slips estampillés « Sex Bidochons » sur des pochettes cartonnées !
En quelques jours, tous les disques étaient vendus ! On nous demanda donc de préparer la version CD (tellement rare à l’époque que nous étions hyper fiers de voir notre master disposer de cette technologie si révolutionnaire !). C’est ainsi que nous enregistrâmes deux nouveaux titres… Une version laser se devait de disposer de titres inédits : « The great rock n’ roll swindle » et « Lucille » de Little Richard (en hommage au plus grand chanteur de l’histoire du rock).
Les premiers journalistes à avoir parlé des Sex Bidochons sont historiquement Francis Zegut et Alain Gardinier (le premier arbora le fameux tee-shirt « on s’en bat les couilles » dans le show de midi de Canal + et le second présenta l’album dans l’émission de Philippe Gildas « Nulle part Ailleurs »), c’est donc un peu de leur faute si nous nous sommes crus obligés de persévérer !
Nous avions décidé que personne ne saurait qui nous étions. Nous serions donc une sorte de groupe fantôme ! Pourtant, le groupe se retrouva au grand complet pour une première prestation dans la lucarne magique (l’émission «Décibel » sur FR3)… Quelques minutes à découper du saucisson (pour « Olida in the sun ») et à faire les cons sous les projecteurs manipulés tranquillos par quelques machinos syndiqués… C’était le début de l’aventure… Nous ne savions pas encore que nos versions allaient se retrouver sur toutes les radios, que nous allions côtoyer les artistes les plus ringards de la variété française sur les plateaux télé des animateurs que nous nous faisions une joie de ne jamais regarder… Nous venions de faire nos premiers pas dans le show-business… Marchant dedans du pied gauche… Y paraît que ça porte bonheur !
Pour la version originale comptait 10 titres. Les Rolling Bidochons ajoutèrent quelques titres supplémentaires sur la version commercialisée en 2004 par Sony Music et notamment une parodie de Great Rock n' Roll Swindle des Sex Pistols rebaptisé "Dansez le Pogo !"
Après le surprenant succès du premier album, pourtant sorti confidentiellement (Sex Bidochons), nous décidâmes de faire un petit plaisir à Nanard… Mon complice de toujours… Un droitier qui joue de la guitare de la main gauche lorsqu’il n’oublie pas son instrument dans le métro ou sur la banquette d’un bistrot. Le Nanard (devenu pour la postérité : Kikif Ricard) avait appris à jouer de sa « six cordes » (dont une ou deux toujours plus ou moins désaccordées) en écoutant les solos de Mick Taylor (un temps, talentueux soliste de la bande à Jagger).
Entre deux clopes et quelques verres de rosé italien, notre Nanard national plaqua les improbables riffs meurtriers de Keith Richard sur sa Jacobacci faite main par les fameux luthiers corses. Nous enregistrâmes la maquette d’un seul et unique titre pour démarcher les maisons de disques : « Honky tonk woman » devenu « Honky Tonk Ginette » !
Au passage, nous avions un peu changé le line up du groupe puisque le batteur des Sex Bidochons (Karim Kouskous) et le bassiste (Ulrich Ausweis, plus connu de sa famille sous le nom de Denis Ferré) avaient décidé de faire autre chose dans la vie que les cons dans un groupe décidément pas très sérieux comme ces Bidochons... Un groupe qui change plus souvent de nom que ses membres de chemise puisque pour ce second opus, nous décidâmes finalement de nous baptiser : The Rolling Bidochons !
Remplacé par le batteur ingénieur du son qui avait déjà enregistré le premier disque (Mike Wanker). Nous fûmes également rejoint par un pote bassiste qui avait déjà usé ses cordes vocales dans les chœurs du Sex Bidochons (il allait devenir Bill Pourquoimec). Le gang des Bidochons était de nouveau reformé (voire « réformés » puisque nous constatâmes que tous ses membres étaient d’infâmes P4 qui ne serviraient jamais sous le drapeau tricolore !) et prêt à entrer dans l’histoire du rock !
Toutes les boîtes de prod voulaient sortir le disque (Sony tenait la corde mais le P-D.G de l’époque refusa finalement). Puis un Directeur Artistique fantasque - Lucas Michillo de Justin’ qui travailla plus tard pour les rappeurs d’IAM - nous fit poireauter de nombreuses heures dans la promesse d’un contrat mirifique. Mais, c’est finalement une boîte indépendante qui allait prendre la licence de l’album sous le haut patronage de Fnac Music (défunte maison de disques française appartenant à un grand groupe d’assurances) en exigeant toutefois de ne pas mettre son logo sur la pochette car, décidément, ce groupe n’était vraiment pas sérieux !
Dans la précipitation, les décideurs de cette étonnante maison de disques nous demandèrent de rendre les bandes dès la fin de l’été afin de sortir le disque pour Noël… Mais Santa Claus descendit finalement du ciel en oubliant de mettre le CD dans nos godasses car, entre-temps, ces professionnels du disque avaient décidé de ne plus le commercialiser !
Nous envoyâmes alors un ancien contrôleur SNCF (qui nous servit de manager durant dix-sept jours) récupérer les bandes car nous n’avions pas le cœur de le faire et de plus, la ligne de métro n’était pas directe et nous aurions dû faire deux changements !
Dans les couloirs de Fnac Music, Loulou (manager improvisé qui avait rangé sa poinçonneuse pour une année sabbatique aux frais du contribuable) croisa le nouveau directeur commercial de cette société qui lui subtilisa un modèle de pochette et un test pressing du disque pour l’écouter. Le nouveau boss du secteur commercial (Gérard Lefondeur, qu’il soit béni car sa décision allait faire changer le discours de nos banquiers respectifs) tomba sous le charme de notre disque et l’imposa (au passage, ils décidèrent quand même de censurer un peu la pochette et les têtes de Le Pen et Khomeiny -sur la couverture de notre disque « Sales Gueules » -furent respectivement remplacées par celles de Staline et… Une tête de cochon !).
Le disque sortit au début du mois de juillet 1990. Soixante jours plus tard, les posters des Rolling Bidochons ornaient les escaliers de notre maison de disques, désormais fière de l’être (les miracles du show-business !). Toutes les radios passaient « Des sous pour habiter St Cloud » ou « Roger »… Nous étions un peu effrayés par ce succès et par les sollicitations auxquelles il fallait répondre… Notre gang des pastiches n’avait pas prévu de vendre des disques ni de faire de la scène… Pourtant, comme nous sommes presque aussi généreux que Mère Theresa et l’Abbé Pierre, nous ne déclinâmes pas une prestation gratuite au Palais des Sports (de Besançon) pour le Téléthon (aux côtés de Jean-Louis Aubert, Benny B, Phil Manzanera, etc) !
Après avoir imités les fous du volant (cartoon de notre enfance), que la maréchaussée nous ait arrêtés pour être certaine que nous n’avions pas fumé du gazon puis avoir été parqués dans le plus bel hôtel de « besaque » comme disent les autochtones… Nous sombrâmes dans un profond sommeil après avoir regardé sur les téléviseurs de nos chambres respectives les prestations soporifiques des rappeurs Belges… Alors qu’Yves Bigot était déjà en train de nous présenter, nous sortîmes des bras de Morphée et furent tirer par les pieds de nos beaux rêves respectifs par… Bill Pourquoimec - qui a le sommeil léger comme le cerveau d’une miss – le bassiste des « Bidoch ‘s » s’était heureusement réveillé avant les autres et tambourinait dans les portes afin de nous faire sortir du pays des songes…
C’est ainsi que cinq petites minutes après nous être réveillés (nous devions passer si tard et le programme faisant facilement office de somnifère, nous nous étions tous endormis !), nous nous retrouvâmes propulsés sous les sunlights du Palais des Sports… C’est une des images les plus effrayantes de la carrière des Bidochons et j’enterre dans mon jardin tous ceux qui s’amènent chez moi avec la cassette vidéo de cette prestation sous le bras… Comme les téléspectateurs dormaient presque aussi profondément que nous lorsque ce concert fut diffusé, mon jardin ne ressemble pas encore à celui d’un terrible serial killer… Mais faites gaffe, il y a encore de la place !
Happés par le show business, le vrai… Nous nous retrouvâmes ainsi de temps à autre à l’intérieur de la lucarne magique et croisâmes toutes ces vedettes ripolinées qui font la joie des hits parades et des prothésistes dentaires. Sorte de punks pour les gens de variétés et musiciens de variétés pour les punks, nous n’allions pas cesser de souffrir… Les uns nous trouvaient drôles mais dangereusement subversifs, les autres pensaient que nous n’étions que d’immondes requins de studio vendus au capital !
Notre véritable première prestation scénique (au Palais des Sports, nous étions encore que des zombies), nous la devons à Didier Veillaut, un homme important dans l’histoire de la musique en France puisque c’est lui qui ouvrit ce lieu mythique sis rue Rory Gallagher : Le Plan ! L’homme réussit à nous persuader de remonter sur scène après l’épisode du Téléthon (ce qui ne fut pas une mince affaire) et nous nous retrouvâmes donc un 31 décembre devant une salle archicomble de nos fans qui connaissaient nos textes par cœur ! Nous ne savions même pas que nous avions déjà des fans !
Nous aurions pu prendre le melon (nous avions déjà les bottes de cuir) mais notre âge avancé (25 ans de moyenne) nous permit de passer au-dessus de ce syndrome tant répandu dans notre milieu.
Voués aux play-lists et devenus le groupe fun du moment, nous acceptâmes docilement notre sort de Bidochons (même si nous pensions chacun faire d'autres choses au sein de formations différentes). Nous nous retrouvâmes dans tous les studios de radio (France Inter, RTL, Europe 1, etc.) ou de télé de l’hexagone (même chez Jacques Martin qui nous invita mais censura finalement notre prestation… Alors même qu’avec nos danseuses de poids – 130 Kg la pièce – venues nous aider pour l’occasion, nous mîmes littéralement le feu au théâtre de l’Empire !).
Le succès aidant, nous étions devenus de véritables Bidochons ! De drôles de zigotos venus d’on ne sait où, pour aller sans doute nulle part, à qui certains journalistes demandaient quand même si nous avions un vrai boulot ou d’autres, comment nous avions fait pour piquer les bandes masters des Stones pour rajouter nos voix !
Nous avons pris tellement de plaisir à l’enregistrement du disque et le batteur tellement de raclées au baby-foot (nous passâmes presque autant de temps à faire des tournois de ce jeu que de prises de son) que je crois ne trahir personne en disant que nous conservons tous d’excellents souvenirs de cette période… Le disque de l’insouciance… Nous décidâmes d’enregistrer toutes les conneries qui nous passaient par la tête sans se douter qu’elles passeraient un jour à la radio !
Le zygomatique au beau fixe, nous étions tout simplement naïvement heureux… Riant à gorges déployées… Nous pressant sans doute d’en rire aujourd’hui de peur d’être obligés d’en pleurer demain…
Le premier titre enregistré pour cet album et qui fût utilisé comme maquette de présentation est Honky Tonk Ginette. Il ne figura finalement pas sur l'album original.
John Lennon raconta un jour qu’il pensait être plus important que Dieu tellement il se sentait transporté par ses fans (au temps de la Beatlemania)… Nous aussi (modestement), dans les mois qui suivirent la sortie de l’album The Rolling Bidochons « Sales Gueules », nous avons eu la sensation de -presque- pouvoir marcher sur l’eau… Nous ne nous sommes jamais pris pour le Messie (mais non mais non !) mais une sorte de « baraka », d’état de grâce, entourait nos faits et gestes ! Nous aurions pu faire un peu près n’importe quoi. Tout le monde aurait sans doute trouvé cela génial !
Alors, en adeptes dévoués de ce bon marquis de Sade, nous décidâmes de faire ce qu’il fallait pour se faire flageller par la presse et nos fans… Nous attaquer au plus grand monument de l’histoire de la musique moderne : Les Beatles !
Ma pauv’e dame, auriez-vous imaginé que 4 drôles de « punk » soient assez culottés pour mettre dans leurs « écrins » élimés les petits bijoux ciselés par le binôme Mc Cartney-Lennon, le must du must de la joaillerie pop ! Et bien oui… Nous avions vraiment trop de culot (ou cette innocence que l’on ne trouve plus que chez les enfants ou les attardés mentaux) pour penser s’attaquer à ce nouveau chantier pharaonique !
Comme d’habitude, nous décidâmes de maquetter un titre et réalisâmes un premier enregistrement de « Let it be » revisité en « Les p’tites bites » (je racontais un jour au micro de RTL que c’est notre batteur qui m’avait inspiré ce texte. Une version –d’ailleurs totalement fausse car je ne connais même pas la taille de son vilain pénis– qui l’irritait autant que si une vieille pute lui avait repassé une maladie jadis dite honteuse !). Connaissant nos pauvres moyens techniques et sachant que, par ailleurs, il était hors de question de faire appel à des requins de studios, nous savions qu’il nous faudrait rester des semaines et des semaines en studio pour pouvoir proposer au public des versions écoutables.
Nous partîmes en chasse d’un studio et c’est le regretté Remy Lemoal, patron des Editions de Francis Lai (Editions 23) qui nous proposa généreusement d’utiliser le superbe studio 32 pistes qu’il venait d’acquérir pour enregistrer notre nouvel album ! La maison de disques qui avait commercialisé l’album « Sales Gueules » nous déroulait maintenant le tapis rouge après nous avoir traités avec autant de condescendance que les émirs saoudiens leurs boys pakistanais.
Dans l’ombre, tournoyaient également beaucoup de ces coiffeurs qui rasent gratis nous expliquant que nous étions vraiment plus beaux et intelligents que la moyenne et qu’en plus, nous allions devenir riches !
À la surprise de nombreuses personnalités de ce métier, nous décidâmes de signer un contrat d’artiste avec Marc Lumbroso (découvreur de Goldman, etc.) qui venait de monter son label sur lequel il veillait, avec le soin d’un père pour sa fille, sur la destinée de Vanessa Paradis. Les mauvaises langues racontent parfois que nous avons signé dans cette boîte pour coincer la jolie Vanessa dans un coin. Mais si nous avons bien croisé et même salué la petite poupée de la pop française dans les couloirs de notre nouvelle maison, nous avons su nous contenir et rester les gentlemen que nous n’avons finalement jamais cessés d’être !
L’enregistrement de l’album allait être assez douloureux et très technique (trop pour nous) et nous vivions chacun quelques petits problèmes personnels (même les clowns… Surtout les clowns… ont le droit de pleurer en privé pour continuer de faire le pitre en public) et considérions que nous n’étions pas loin de sombrer corps et âmes !
Mike Wanker (batteur et ingénieur du son) remonta ses manches et travailla d’arrache-pied pour surmonter tous nos soucis de mise en place et nos limites musicales… De mon côté, je livrais au compte-goutte les textes que je terminais parfois à l’heure de la pause casse-croûte, quelques minutes seulement avant de devoir me mettre devant un micro pour les interpréter !
Nous devînmes aussi totalement abrutis de « Mac-man » (version Mac intosh du Pack Man) tellement nous jouâmes de parties pendant que le Wanker écoutait en boucle, pendant des heures, le son provenant d’une cymbale ou la reverb du pied de la grosse-caisse !
Pour la première fois, nous disposions de moyens importants pour réaliser un album et nous fîmes pleuvoir les biffetons sur les restaurateurs proches du studio ou sur nos potes qui passaient faire un petit bout de chœur ou une partie de piano. Les milliers de mixages enfin en boîte, nous traînâmes notre producteur en studio pour qu’il écoute le résultat final. Celui-ci trouva cela tellement mauvais qu’il nous demanda, quelques jours plus tard, si nous voulions racheter notre bande ! C’était rassurant avant d’affronter les médias !
À peine le disque quand même commercialisé par le Pygmalion de madame Johnny Depp, les corbeaux à cols d’hermines nous tombaient dessus ! Yoko Ono, les deux fils Lennon et Paul Mc Cartney visiblement moins cools que Keith Richard et Mick Jagger nous réclamaient un bon million de francs lourds de dommages et intérêts pour avoir parodié leurs titres !
Nous qui avions écouté religieusement ces superbes chansons pour les analyser, les comprendre, s’en imprégner puis les reproduire. Nous retrouvions maintenant face à face (avec ceux dont nous nous sentions de plus en plus en osmose artistique) dans un prétoire ! Mais les hommes de lois allaient nous donner raison (d’ailleurs, seul l’éditeur et les ayants-droit des compositeurs avaient cru bon essayer de nous faire mordre la poussière). La maison de disques des Beatles, en la personne du patron de son service juridique – Pierre Darmon – ayant refusé de crier avec la meute. Même le sieur Christian Binet, papa de Robert et Raymonde Bidochon – également contacté par nos adversaires – refusa de faire cause commune avec les marchands du temple contre vos pauvres musiciens préférés, naïvement coupables de rendre hommage (à leur manière) aux divinités du panthéon rock n’ rollien !
La procédure se retourna contre leurs auteurs et donna une exposition inespérée à notre album… Un jour que nous organisions un « bed-in » sur le trottoir du boulevard Malesherbes (devant les locaux de notre délateur), toutes les télés du monde (même la NHK japonaise !) vinrent nous filmer sur le matelas que nous avions fait installer par Jérôme Chung (notre sympathique chef de produits de l’époque qui nous aida beaucoup dans cette galère) et son équipe, avant de nous enchaîner les uns les autres sous le regard amusé des passants, de quelques agents des RG et d’une poignée de sympathisants venus manifester pour notre cause aux cris de : « Faites l’humour, pas la guerre », « Un pastiche sinon rien ! ». Slogans vengeurs que j’avais concoctés dans l’urgence en me mettant quelques instants (pas trop longtemps) dans la peau de Jean-Paul Sartre (à force, le strabisme provoque un bon mal de tête !). Nos titres purent donc triompher sur toutes les radios et T.V et nous firent un nouveau tour de piste avec « Pas d’papier water », « Les p’tites bites », etc.
Nos costards à deux balles réalisés par la belle-mère de notre guitariste Nanard (Kikif Ricard) furent salopés sur toutes les scènes de France (jouant par exemple avec un plaisir non dissimulé devant plusieurs dizaines de milliers de gros cerveaux de nos futures élites pour les énormes concerts marathons estudiantins de l’ESSEC, HEC, etc.).
À la surprise générale des membres du groupe, la presse également réserva un super accueil au disque, et même les fans des Beatles ! Nous marchions de nouveau sur l’eau ! Après cela, nous pouvions mourir tranquilles (ou presque)… Nous nagions en plein bonheur ou en plein plaisir car si le bonheur est le plaisir des sages, le plaisir est le bonheur des fous…
Nous étions vraiment totalement déjantés d’avoir eu la folie de chatouiller sous les aisselles quelques monstres sacrés de l’histoire de la musique… Même si ce n’était finalement que pour leur arracher quelques rictus de joie, sans doute de plus en plus rares au fin fond de leurs manoirs ou dans leurs caves où les coffres-forts semblent avoir remplacés les instruments de musique qu’ils y entreposaient jadis…
Avec trois albums (Sex Bidochons, Rolling Bidochons, 4 Beadochons dans le vent) à notre actif et plusieurs centaines de milliers de ventes, nous fûmes reconnus par un large public malgré les changements de noms —obligatoires— sur chacune des pochettes successives (même si, pour tous, nous sommes visiblement restés les « Rolling Bidochons»).
Nous passions la plupart de nos week-ends sur les routes pour jouer sur les scènes de France (la rumeur nous prêta des concerts en Angleterre, Suisse ou encore au Japon - où notre second album s’était très bien vendu) . Mais, à l’époque (avant notre grand retour sur les scènes au pays du soleil levant), nous n’avons jamais joué en dehors de France ailleurs qu’en Belgique…
Mais au moins une dizaine de fois car les mangeurs de frites forment vraiment un public génial !.
D’un groupe approximatif qui jouait un peu faux, tablant sur son énergie et ses effets comiques, nous sommes devenus un vrai « rock band » rôdé sur scène. Tellement que nous n’avions plus beaucoup le temps de penser au studio (un comble pour nous qui faisions plus de disques que de répétitions !). Nous avons donc pensé qu’il serait bon de faire une sorte de bilan. Ainsi naissait «Le très meilleur des Bidochons ». Un disque compilation reprenant les titres phares des trois précédents albums, dans un emballage aujourd’hui culte : une véritable boîte de camembert !
J’avais demandé au designer travaillant sur cette pochette (Jean-Paul Szlachetka) de parodier le visuel du camembert Président, mais celui-ci avait totalement pompé le design de chez Besnier et j’avais juste changé les petites mentions habituelles des fromages devenues :
« 1% matière grasse, 99% matière grise » ou encore « mixé à la louche».
Si ce n’est de calcium, les marchands de fromages allaient vite nous prouver qu’ils manquaient d’humour… Après être intervenus pour faire annuler notre campagne de publicité sur France 2, ils nous envoyèrent devant le tribunal pour demander réparation : 1/2 millions de francs pour avoir parodié la boîte de leur fromage industriel ! Nous invoquâmes le fait, qu’à notre connaissance, les rayons disques n’étaient pas encore réfrigérés et qu’un camembert coûtait cinq fois mois cher qu’un disque… Que nenni, les magistrats nous mirent un coup de bâton derrière les oreilles en nous condamnant « symboliquement » à verser 75000 FF à la multinationale Besnier… C’est ainsi que je décidais avec mes amis et nos fans de ne plus manger de cette marque de camembert à concurrence de cette somme…. Aujourd’hui encore, je me refuse à consommer ces produits usinés comme des carburateurs de voiture et préfère me délecter avec des fromages que je trouve décidément plus savoureux.
La promotion de cette compile ne nous laissa guère de temps. Nous parcourûmes toute la France pour des concerts et des shows cases-buffets campagnards gratuits (transformant les amphis des Fnac et Virgin en salle de concerts à l’issue desquels nous offrions du saucisson, du pinard (californien) et quelques victuailles au public avec lequel nous pouvions ainsi discuter le bout de gras !
Cette compile incluait un titre enregistré à la va-vite « Crêperie » (parodie de « Rape Me » de Nirvana) que nous avions jeté à la poubelle par dépit. Au mastering, je suppliais un roi de la « gravure » (Jean-Pierre Chalbos le magicien du studio La Source) de faire quelque chose pour nous (entre-temps, nous avions refait un petit lifting au titre par un nouveau mixage au studio Marcadet). Le résultat fut sans doute efficace puisque les jours suivant la sortie de ce « best of » nous fûmes surpris de voir le public nous réclamer sur l’air des lampions à la fin de chaque titre interprété lors de ces shows cases… « crêperie, crêperie ! » Il fallut le réapprendre car, entre-temps, nous avions oublié jusqu'à la dernière note de la rengaine de Kurt Cobain ! Nous ajoutâmes aussi le rituel du lancement de crêpes (je devais faire sauter des crêpes lors de chaque break du titre en essayant de viser le batteur auquel j’aimais envoyer des « ovnis » de crèmes aux œufs grillés sur sescymbales flambantes neuves).
Restait à enregistrer un nouvel album ! Cette fois, je ne savais pas trop quoi proposer ! La boîte à idée, trop bien cachée quelque part dans mon occiput était vide ! Nous répétâmes des titres de Who, de Queen, des Beach Boys ou encore des trucs heavy metal… Des projets morts, presque immédiatement, après être nés.
Que pouvions-nous faire après les Beatles ? Nous voulions encore surprendre le public, mais cela devenait difficile !
Par un bel après-midi, alors que je roulais à vive allure sur le Boulevard Arago (précisément aux alentours de la prison de la Santé), la radio diffusait un titre « Ca, c’est vraiment toi »… L’un des hits majeurs des boutonneux de ma génération (Téléphone !)… Mais, au lieu de « ça ce sent que c’est toi »… j’entendis… « Que ça sent sous tes bras »… « Ca, c’est vraiment toi » allait devenir « Sale c’est vraiment toi » ! Bingo, nous pouvions frapper là où les gens ne nous attendaient pas : Parodier un groupe français !
Quelques coups de fils au batteur et aux guitaristes et nous nous retrouvions en studio pour répéter les titres de Téléphone qui nous rappelaient tant ceux des Stones !
Très (trop) rapidement, nous gagnâmes le studio Marcadet (qui était un peu devenu notre lieu d’enregistrement fétiche au fil des séances) pour enregistrer nos fameux quatorze titres (par superstition, nous avons toujours essayé de travailler sur au moins 14 titres par disque !).
Comme c’était l’été, que les flammes du barbecue placé au fond du jardinet du studio léchaient quelques grasses merguez. Walter (Yoko Kono pour les intimes) et accessoirement propriétaire du sympathique clébard qui nous suivait partout - même sur scène (Bootsy)- prit sa guitare comme pour une fête gitane et transforma le « New York avec toi » de Jean-Louis Aubert en une sorte de java manouche. Cela me donna l’idée du texte qui parlerait de la fête de l’Huma et de cette ancienne banlieue coco proche du studio. La chanson devint « Bondy avec toi ». Sans doute le titre le plus réjouissant de notre quatrième opus. Celui qui nous donna le plus de plaisir (nous fîmes même venir un crack du piano à bretelles – Daniel Collin – pour interpréter la partie d’accordéon).
Christophe Dubois, surfeur batteur ingénieur du son, réalisa les prises de cet album qui se fit plutôt dans la douleur car les relations des uns et des autres n’étaient pas au beau fixe… Walter s’entraînait à faire tourner sa langue le plus vite possible dans la bouche de sa nouvelle copine, pendant que Nanard découvrait les joies de la paternité, et que je surfais entre deux coups de fil tout en finissant mes textes qui n’étaient même pas commencés !
Pour la pochette, nous choisîmes une nouvelle fois l’objectif de notre ami Christophe Mourthé. (qui immortalisa avant nous Mylène Farmer, Renaud, etc. mais surtout les plus belles créatures de l’univers). Le maître de la lumière - auquel nous confions régulièrement le soin de nous tirer le portrait - réussit même à nous foutre à poil pour une séance mythique ou nous pûmes enfin comparer nos anatomies ? Je pus constater de visu que la mienne était décidément bien la plus grosse (je veux parler de ma guitare bien-sûr).
Le disque baptisé « Cache ton machin » fut présenté sous deux pochettes à collectionner… L’une avec Nanard (guitariste gaucher) ou Walter (guitariste droitier). Après seulement quelques semaines de commercialisation, harcelés par le directeur général d’une importante maison de disques Hollandaise qui voulait absolument commercialiser ce disque dans un environnement marketing à faire pâlir (si c’est encore possible) Michaël Jackson, l’album fut supprimé des bacs des disquaires… A notre demande !
Le quatrième disque des Rolling Bidochons restera donc un mystère pour la plupart de nos fans qui n’ont souvent jamais pu se le procurer ou qui ignorent quelquefois même jusqu'à son existence ! Une nouvelle édition permis finalement à ce disque de renaître de ses cendres avec quelques titres inédits : La version hard d’ « Avale » devenu « Anal » avec les chœurs sexy en diable de Sophie C ou encore une petite perle (odorante) du guitariste et du bassiste des Bidochons qui, alors que nous avions le dos tourné, en profitèrent pour improviser une ritournelle digne des maternelles première année et seul et unique texte des Bidochons que je n’ai pas signé (et que je ne revendique d’ailleurs absolument pas !) « Nanar & Nanor ».
Ce disque qui ne devait être qu’un épisode dans la carrière des Rolling Bidochons est resté pendant longtemps le dernier en date car nous avions décidé de prendre notre retraite une petite année seulement après la sortie presque avortée de ce disque. Mais je n’avais pas vraiment envie de finir là-dessus (comme disait Jean Gabin après avoir tourné « L’année sainte » qui fut malheureusement son dernier film). L’histoire se perpétua donc par un single « Bidochons contre Godzilla », presque uniquement réalisé par mon pote Fabrice Costello dans son studio de Boulogne… Ce qui eu pour effet d’exaspérer un peu plus Mike Wanker et le reste de la troupe - Je confesse ne pas avoir été très diplomate dans cette histoire… Je n’ai aucun talent pour le Quai d’Orsay et je regrette aujourd’hui d’avoir pris mes potes à la hussarde mais j’avais très envie de changement de têtes, de partir vers de nouvelles aventures – Les Bidochons allaient donc mourir un peu dans l’indifférence générale ? Que nenni ! presque six années après le Bidophone , un très inattendu nouvel album (celui de la sérénité) : « Disco Bidochons » allait apporter une nouvelle pièce à l’édifice d’art déco (-nnant) du gang des pastiches !
Je me souviens avoir vu un groupe, dont je n’ose dire le nom (lequel ravit pourtant mes oreilles lorsque j’étais un enfant pré-pubaire… Si je dois vous mettre sur la piste de ce groupe fatigué, je ne pourrai vous donner comme indice que de lire Zola et de vous intéresser au nom d’une petite boutique…) se liquéfier sous mes yeux après une énième reformation… Les types étaient adipeux, la bedaine triomphante, les poches sous les yeux et moumoutes sur la tête ! J’ai juré, craché, croix de bois, croix de fer, que l’on ne m’y prendrait pas ! Après tous ces albums Bidochons et dix années de bons et loyaux services, j’avais décidé de raccrocher et de ne pas commettre la même erreur que ce groupe devenu pathétique ni ces boxeurs qui se retrouvent sur le ring à quarante ans passés pour se prendre une monumentale raclée par des jeunots aux dents longues et poings acérés.
Durant sept années, j’avais coutume de dire aux gens qui me posaient la question, que les Rolling Bidochons étaient maintenant en maison de retraite. Nos guitaristes étant censés zyeuter sous les jupes des infirmières qui venaient changer leurs couches « Confiance », pendant que notre batteur, devenu encore plus gâteux avec le temps, racontait à ses petits-enfants - qui n’écoutaient même plus - nos exploits scéniques d’antan et comment la musique c’était « bien autre chose que du bruit numérique » à son époque !
Le quatrième disque des Bidochons restait comme un mystère et son enregistrement avait été un peu douloureux… Nous étions tous trop occupés par nos vies respectives et n’avions finalement plus vraiment envie de nous voir tous les jours !
Après cela, j’avais bien fait une tentative un peu solitaire en organisant l’enregistrement de ce single baptisé « Bidochons contre Gobzylla » auquel mes compères n’avaient participé que de loin mais cela n’avait fait qu’amplifier les malentendus. Je me souviens avoir été à l’extrême limite de distribuer quelques bourre-pifs… Tellement en colère que j’avais cette fois bien décidé que l’on ne m’y reprendrait plus et que j’enterrais ce jour-là mon passé de Bidochons.
Après m’être couché sur quelque divan pour décortiquer les recoins de mon cerveau, mes vilaines pensées laissèrent place à quelques bons souvenirs et la mémoire de ces instants magiques durant lesquels nous constituions presque une famille idéale… Un peu tuyau de poêle la famille… Mais famille quand même !
Sans vraiment y réfléchir, j’étais en train de laisser mûrir en moi l’idée d’un nouvel album des Bidochons. Un disque que l’industrie du même nom (à laquelle nous avons rapporté quelques bonnes liasses de biffetons) et quelques fans de base toujours fidèles nous réclamaient sans cesse.
Dandy jusqu’au bout des orteils, je balayais ces idées ineptes d’un revers de la main indiquant que je n’étais pas de ces anciens artistes qui restent bloqués sur leur passé comme un vieux un compte-tours de mobylette trafiqué.
Ayant eu notre ration de gros studios et de tables de mixage qui ressemblaient à des porte-avions vus de haut, je n’avais pas envie de me retrouver coincé plusieurs mois dans l’atmosphère trop climatisée d’un studio d’enregistrement et de bouffer quelques pizzas livrées déjà froides entre quelques prises de voix et de bec avec notre ancien batteur.
Une fois l’idée acceptée que nous allions enfin refaire un dernier album des Rolling Bidochons, nous décidâmes donc de le penser autrement, de l’enregistrer avec des méthodes « ultra modernes » ! Soit, en numérique et sur disque dur portable ! Notre album allait donc être mixé sur le PC portable de Chris Dubois dans les hôtels de France et de Navarre ou autres TGV le ramenant chez lui après les concerts de la tournée Calogero dont il est aussi depuis des lustres l’incontournable batteur ! Cette idée me séduisit tellement que je travaillais derechef sur l’écriture d’une série de titres pour ce nouveau concept album peut-être destiné à être joué dans des endroits où je ne mets jamais les pieds : les Discothèques !
Mon esprit de contradiction était enfin rassasié et j’oubliais mes promesses et ces images de vieux boxeurs ou d’artistes sur le retour. Coup de bol pour nous autres, il semblait que de faire les cons au sein des Bidochons ça vous conserve un homme… Aucun de nous n’avait perdu un seul cheveu notre tour de taille était resté très raisonnable… Nous n’avions pas encore l’air de ces vieux cons que nous étions fatalement devenus le jour où nous avions eu des enfants et où nos menus et intérieurs étaient devenus plus riches. A l’instigation du fils de Boby Lapointe, nous allions même nous retrouver sur scène le temps du tournage d’un DVD historique !
Restait à digérer les meilleurs hits disco (en tout cas ceux que nous aimions écouter car nous n’avons jamais pu reprendre une chanson qui nous ne faisait pas vibrer un minimum). Je me retrouvais à sélectionner des titres parmi des dizaines écoutés. Moi qui, en pleine période punk autour de mes quinze ans, avait écrit un titre pamphlet qui disait, entre autres : « musique disco… musique de veaux ! »… Mon ange gardien allait devoir retrousser ses ailes et se mettre au boulot pour m’aider dans cette tâche ! Comme les mousquetaires de Dumas, vingt ans après, je me mettais à apprécier le beat de la grosse-caisse discoïde et les refrains scandés (jamais plus de trois ou quatre phrases dans un hit disco !). Il me fallut faire avec… Moi qui aime vous mijoter des petites histoires comme au temps des chansons réalistes ! Je décidais donc que le fil rouge (comme on disait chez Guy Lux) de ce nouveau disque inattendu serait… Des histoires d’amour… mais un peu particulières ces amourettes, celles que l’on croise uniquement dans mon cerveau perverti par des lectures non approuvées par le clergé et l’establishment parisien. Cerise sur le gâteau : chaque titre devait pouvoir être scandé dans les boîtes un peu comme d’autres slogans chocs… Imaginez une manif devant le ministère de la culture où les participants reprendraient en chœur et à l’instigation du ministre encore en place « t’as les, t’as les boules !… » ? Ça vous donnerait-y pas envie de beugler dans le vent ou sous la pluie avec les pros de la banderole et du mégaphone ?
Après avoir enregistré des voix dans des lieux les plus improbables (la chambre à coucher de la sœur - qui malheureusement n’y était pas - de notre nouveau batteur), la buanderie d’un pavillon de banlieue, l’arrière-cour d’un studio minable dressé dans un sous-sol de grand cinéma parisien ou encore le douillet petit studio de Boulogne de notre pote Fabrice Costello qui a toujours le nez plongé dans le manuel du nouvel effet qu’il vient d’acheter à crédit, le temps de quelques séances de chœurs de mâles (où Nanard - notre guitare héros - pu nous prouver qu’il chantait heureusement toujours aussi mal que dix années plus tôt !) et de femelles (car pour la première fois nous fîmes appel à des guest-stars pour les cuivres et les chœurs féminins) et de fous rires collectifs, nous retrouvâmes un peu de la magie des Bidochons. Heureux de constater que nous sommes toujours aussi incontrôlables qu’hier et j’espère bien moins que demain !
Que les puristes nous excusent nos digressions… Je confesse que nous n’avons pu faire autrement que de mettre un peu de guitares sur quelques titres et de revisiter sans pudeur certains autres… Mais c’est aussi la magie des Bidochons… Nous ne savons pas ce que nous faisons et ne souhaitons pas le savoir… Certains cuistots suivent la recette à la lettre et soupèsent chaque gramme de farine et distillent l’huile au compte-goutte… Nous mettons les doigts dans le bocal et jetons par poignées entières les denrées dans un wok plus ou moins rouillé… Nos mets n’ont donc rien à voir avec la « nouvelle cuisine » imposée par les standards du marketing et de ce que certains pensent être le bon goût.
Un peu comme si vous aviez toujours fait partie de la famille, sans changer la nappe ni dresser des couverts en argent massif, nous vous invitons toujours à notre table, comme on le fait avec de vrais amis… Espérant que vous partagerez un bon moment avec nous, sans manière, sans chichis car comme l’écrivait Aristote «… Les nœuds sacrés de la vraie amitié se forment bien plus facilement sous l’humble toit d’une cabane de bergers que dans le palais d’un roi… » .
Mais croix de bois croix de fer, si je mens Walter va en enfer, « Saturday Night Bidochons » ou « Disco Bidochons » restera le dernier album studio du « groupe » !
Un album qui dispose de deux pochettes: Une dessinée par Christian Binet.
L'autre, "Saturday Night Bidochons"
Je préfère penser que nous sommes maintenant trop vieux, gros ou cons (ou simplement de « vieux gros cons ») pour être fidèles à nos idéaux… Mais j’avais pourtant déjà juré que l’on ne me retrouverait plus à faire le con sur scène. Moi qui suis maladivement timide et me retrouve avec l’estomac dans les talons avant chaque concert… Et pourtant… Dix années plus tard notre gang des pastiches allait se retrouver à l’autre bout de la planète et partir à la conquête du Japon ! Incroyable mais vrai… Dix années après notre retraite officielle et près de 900.000 albums vendus, les Rolling Bidochons reprenaient la route pour une unique tournée japonaise !
Sur la lancée du succès de deux albums-compilations réunissant nos plus célèbres parodies commercialisées au pays du soleil levant. Nous nous produirent donc durant plusieurs semaines en Asie et plus particulièrement au Japon, de Tokyo à Yokohama, de Nagoya à Osaka !
Baptisés par la presse Tokyoïte les « Zazous Samouraï », nous immortalisèrent même cette tournée pour une anthologie vidéo qui restera cette fois le dernier document de notre carrière artistique ! Un DVD anthologie pour fêter dignement les 20 années de la création de notre groupe décidemment pas comme les autres !
Après avoir répété en Thaïlande à Bangkok dans des odeurs de kai saté issan (brochette de poulet à l’ail et sauce cacahouètes), de riz gluant et d’épices siamoises, puis écumé les discothèques où plusieurs milliers de personnes viennent chanter en cœur les derniers refrains de la pop locale. Nous arrivâmes au Japon où le gros de la troupe fût stoppé par les douaniers tokyoïtes !
Notre réputation de farceurs avait dû nous précéder ?… Sans doute grâce à nos plus belles prières en pali destinées à Buddha. Nous échappèrent au courroux des forces de police nippones pour fuir l’aéroport de Narita et arriver triomphalement dans la capitale chère à notre ami Tatsuji Nagataki qui nous accueillis les bras ouverts comme il le fit avant cela avec Serge Gainsbourg et Michel Polnareff !
Passant de gigantesques festivals en petits clubs intimistes, mais toujours en vedette, nous écumâmes le pays du soleil levant devant un public étonnement réceptif alors qu’il ne comprenait pas un traitre mot des conneries que nous avions la joie de leur chanter chaque soir ! Que ce soit sur la scène d’un des plus select clubs de Tokyo où face à un parterre de V.I.P nippons de haute gamme devant lequel je mimais l’ « entartage » du plus « Sparks » des japonais Kenzo Saeki ou au French Blue Meeting ou sept mille amoureux de la France était venus assister à notre prestation sous un climat pourtant digne d’une chambre réfrigérée des halles… Tous nos concerts ne furent que joie et bonheur… Un pur moment de plaisir ultime… Le gang né dans un petit studio de répet du XXème arrondissement de Paris pouvait mourir dans une sorte de feu d’artifice à dix mille kilomètres de là… Devant des dizaines de milliers d’yeux (bridés) et de sourires généreux… Nous fûmes bien à deux doigts de remettre le couvert, mais je préférais imaginer ces prestations japonaises comme le point culminant de notre petite et discrète carrière… Comme un doux suicide collectif de notre secte de pasticheurs !
Sorte de jouissif seppuku… Les Rolling Bidochons allaient donc partir à tout jamais pour – peut-être – devenir enfin cultes… Les japonais nous avaient baptisés « zazou samouraï », quel terme judicieux ! Les cerveaux créateurs de Nintendo DS ne sont décidemment pas avares de poésie ! Par la grâce des enfants de Mishima, nous allions devenir, non pas des seigneurs de la guerre… Mais des seigneurs de la parodie… Finalement je préfère cela… Je n’ai sur les mains aucune goutte de sang … Nous aurons tous juste volé quelques sourires à nos spectateurs lors d’un moment de d’égarement…
Il reste nos albums, écoutez-les si vous avez un peu de temps à perdre ou l’envie de passer un bon moment. Puis pressez-vous de rire, comme des enfants gâtés, de notre (votre) mauvais goût, de notre (votre) oisiveté… Guettant dans nos discours baroques, dans nos jargons nouveaux les termes équivoques de cet humour prolo… En se jouant des phrases, en se jouant des mots, qui d’un terme si obscur, fait tout l’esprit des sots !
Un film retrace la tournée asiatique des Rolling Bidochons et notamment les concerts de Tokyo, Nagoya et Osaka...
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